Mon cheval est rétif… comment ? Pourquoi ?
Depuis quelques années maintenant (et ça évolue encore), on prête aux chevaux certains « sentiments », tels que la peur, mais aussi la tristesse, l’angoisse, la joie parfois… malheureusement, depuis bien plus longtemps, on leur prête aussi des comportements et intentions tels que la « mauvaise foi », la « flemmardise », la couardise, le vice… et ce dans quel cas? Dans le cas ou l’homme n’obtient pas ce qu’il désire de son animal.
Mais qui est le cheval ?
Le cheval est un animal du présent. Un animal du « ici et maintenant ». Il vit dans l’instant, pas avant, pas après, il ne calcule pas, il ne prévoit pas.. simplement il cherche à être bien dans l’instant. Globalement, il recherche le calme, la quiétude et la sécurité (qui passe aussi par la présence de congénères et la nourriture).
Et pourtant, le cheval, qui par sa nature n’aime pas les conflits, se rebelle parfois, désobéit même, quitte à se « mettre à dos » son cavalier ou propriétaire, et à « envenimer » la situation par sa non-coopération.
Le cheval est-il con ?
Le cheval est-il un abruti ?
Le cheval a-t-il décidé que votre tête ne lui revenait pas et qu’il allait vous faire passer un sale quart d’heure ?
Le cheval va-t-il se venger de la dernière séance où vous lui avez imposé des difficultés ? Le cheval met-il en place, la nuit à l’ombre des regards, des plans machiavéliques pour vous faire payer vos erreurs ?
NON.
Alors pourquoi mon cheval ne VEUT pas ? (faire quelque chose, passer quelque part, être touché à un certain endroit…)
PARCE QU’IL NE PEUT PAS.
Parce qu’il a mal. Parce qu’il a peur. Parce qu’il a peur d’avoir mal (on y reviendra prochainement).
Voilà pourquoi le cheval ne veut pas.
(Je passe volontairement le chapitre de « parce que ça ne lui a pas correctement été demandé », parce qu’il existe un tas d’ouvrages et d’écrits sur le sujet, très intéressants et approfondis… où on vous parlera de RELATION, de COMPLICITÉ, de TRAVAIL D’EQUIPE, et de PARTENARIAT. Je souhaite me concentrer ici sur un autre aspect de la question. On parlera donc aujourd’hui plus globalement des cas où le cheval ne veut « plus » faire quelque chose, dans la mesure où il a su le faire par le passé, et que la demande a correctement été formulée…)
En réalité en dehors des cas où les demandes sont mal formulées, ou les codes mal instaurés… les chevaux n’ont pas vraiment de raison de « vous faire chier », de créer des conflits, parce que fondamentalement, eux recherchent la paix.
Alors avant de vouloir travailler, travailler, travailler à tout prix, envers et contre son cheval, pour le « remettre dans les rails »… pensez à eux.
Imaginez vous une randonnée avec un caillou dans la chaussure, une séance de sport avec un sac à dos mal réglé, un 500m avec un point de côté, une série de pompes avec une épaule déboitée, un trail en pleine crise de sciatique, un footing avec une grosse migraine.
Les chevaux sont souvent bourrées de « petits maux » qui peuvent affecter considérablement (ou non) leurs performances, leur motivation. Ils peuvent, en plus de problèmes ostéo purs, présenter de petits désordres digestifs, des fragilités rénales, mais aussi, être pleins de courbatures au lendemain d’une séance, s’être endommagés un muscle en bougeant à froid au pré, avoir des maux de têtes, mais aussi de dos (parfois causés par un harnachement inadapté)…
Malheureusement, beaucoup trop peu de cavaliers et propriétaires sont sensibilisés à ces choses là. Le statut du cheval, qui évolue lentement, est encore trop souvent associé à « un outil », voire « un bien meuble » dans notre société.
Pourtant, apprendre à écouter son cheval et à déceler et identifier les petits désordres courants, ne représente qu’un énorme avantage. Et il est certain que si chaque petit cavalier faisant ses premiers pas dans un club était à minima sensibilisé au fait que son poney… est un être vivant, avec tout ce que cela implique; il y aurait moins, pour les chevaux, de départs en retraite anticipés, de chevaux mis de côté pour « caractère dangereux », et bien plus de chevaux qui brillent et qui performent.
En fait, c’est tout bête, mais le corps du cheval est comme le notre (et celui de tous les vivants). Plus on le ménage, plus on en prend soin, mieux il fonctionne.
Donc, apprendre à le lire et agir en fonction, c’est indéniablement l’optimiser.
Il ne faut pas hésiter à montrer vos chevaux à des professionnels (sans, de toute évidence, tomber dans la paranoïa). Au moins pour un check-up annuel. Au moins quand vous remarquez que quelque chose coince, que quelque chose a changé.
Quand tout à coup votre cheval ne réalise plus correctement un exercice qu’il maitrisait.
Quand il couche les oreilles ou fouaille de la queue à vos demandes.
Quand il a de grandes difficultés à partit au galop à une main ou une autre.
Quand il devient « lourd en bouche ».
Quand il s’agite au montoir malgré une bonne éducation.
Quand il trébuche souvent.
Quand il a du mal à maintenir ses allures.
Quand il fuit votre contact.
[…]
Quand tout simplement, quelque chose « dysfonctionne ».
On en revient toujours au même, mais travailler AVEC le cheval, dans son sens, avec son accord, en partenariat, c’est optimiser les résultats, mais aussi la sécurité. La sienne, la votre.
Nuno Oliveira, de façon très juste, disait : « Je demande aux cavaliers qui me lisent et qui dressent leurs chevaux de regarder leur monture lorsqu’ils mettent pied à terre après une séance de travail. De contempler son oeil et de faire un examen de conscience pour se demander s’ils ont bien agi envers cet extraordinaire être vivant, ce compagnon adorable : le cheval. »
Je pense qu’il est temps d’apprendre aussi à les regarder avant. Et à leur « demander » : Comment tu vas? Après avoir envisagé un objectif de séance et de travail, oser lui demander réellement « Et toi, t’en penses quoi? »