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Des conditions de vie idéales ?

La recherche de la « pension idéale », des « écuries parfaites » est un vrai casse tête pour tous les propriétaires de chevaux.

J’ai grandi et appris dans des structures classiques, dans lesquelles on ne m’a jamais appris à comprendre ni à réfléchir au pourquoi du comment nous imposions telle ou telle chose à nos chevaux. Aujourd’hui je remarque d’ailleurs qu’au moins 50% des propriétaires déterminent les conditions de vie de leur cheval parce que « on a toujours fait comme ça ». Triste constat.
Plus tard, j’ai eu l’occasion d’apprendre la physiologie, l’éthologie et la physionomie du cheval, et j’ai été horrifiée de comprendre que nous causions beaucoup, beaucoup, de dégâts chez les chevaux. Et petit à petit dans ma tête, s’est créée l’idée qu’il n’y avait qu’une seule façon de détenir les chevaux : au pré, en troupeau, au foin, poilus, pieds nus… « au naturel » quoi. Cette idée, nombre d’amoureux des chevaux la partagent.

J’ai la chance de rencontrer chaque jour des cavaliers et chevaux qui me permettent de nuancer cette idée.

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En effet, le cheval (comprendre l’espèce équine) a des besoins fondamentaux qui sont les suivants : manger des fibres en continu, marcher et se déplacer, côtoyer des congénères.
Le principe de ces besoins fondamentaux, c’est que si ils ne sont pas respectés, l’organisme ne peut fonctionner correctement et les problèmes apparaissent (je vais en citer quelques uns qui sont les plus fréquents et vous expliquer pourquoi).

Le cheval, herbivore monogastrique, est fait pour manger en continu de petites quantités de fibres. En effet le cheval ne possède pas de vésicule biliaire, de fait, il produit un flux constant d’acide chlorhydrique qui se déverse directement dans l’estomac. Lorsqu’il mange, il produit de la salive alcaline qui vient contrebalancer l’acidité et équilibrer le PH. Pendant tout le temps ou il ne mange pas, l’acide se déverse dans l’estomac et, petit à petit, vient « ronger » les parois de l’estomac.
C’est ainsi que des études vétérinaires démontrent que 60% des chevaux souffrent d’ulcères gastriques. Ulcères qui poussent le cheval à développer des tics (tics à l’air, à l’appui, qui sont en réalité une façon pour le cheval de soulager ses maux de ventre). C’est également pourquoi les chevaux nourris avec peu de foin et des gros repas d’aliment concentrés (granulés, floconnés) sont très sujets aux coliques.

Le cheval est ce qu’on appelle un « marcheur mangeur », dans la nature, il marche pour manger, et mange pour marcher. C’est ainsi, en se déplaçant constamment, qu’il maintient une bonne circulation du sang et des liquides organiques, ainsi qu’une bonne digestion grâce au péristaltisme (progression du bol alimentaire dans le tube digestif).
Lorsqu’on enferme les chevaux au box trop longtemps sans leur fournir une activité suffisante on peut constater que la circulation du sang et des liquides est altérée (engorgements, molettes…), que la musculature fond (et implique donc des désordres de type locomoteurs), et que la digestion ne se fait correctement (coliques de stase).

Le cheval est un animal social. C’est un animal de troupeau. Il n’est pas un prédateur mais une proie, dans la nature, il doit sa survie à une bonne cohésion au sein de son groupe. Côtoyer des congénères est indispensable pour lui assurer sécurité, pour l’occuper et lui permettre de développer et entretenir ses capacités cognitives. Les chevaux privés de contact sociaux développent des désordres liés au stress, comme par exemple des stéréotypies (tique à l’ours…), des ulcères de stress, une agressivité envers ses congénères (et même parfois envers l’homme…)

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La bonne nouvelle, c’est que répondre a ces besoins fondamentaux est compatible avec la pratique de n’importe quelle discipline et a n’importe quel niveau.

Le tout, c’est d’être capable de trouver un équilibre. Un équilibre qui prend en compte une partie très importante de l’équation… LE CAVALIER !
Parce que oui, nous cavaliers, avons des besoins, des envies, des attentes, des projets, des objectifs… et c’est normal. Concilier les besoins du cheval avec ses objectifs c’est la meilleure façon d’y parvenir.

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Equiteam Performance, chevaux de commerce, de compétition, au pré/paddock en troupeau à l’année.

Tout le monde ne dispose pas de 80 hectares pour accueillir ses chevaux, de grandes patures pleines d’herbe, de terres qui restent relativement sèches et saines toute l’année, tout le monde n’a pas envie de faire 2km à pied pour aller chercher son cheval, tout le monde n’a pas envie de devoir le marcher pendant 30min après la séance pour le faire sécher en hiver, tout le monde n’a pas envie de potentiellement retrouver son cheval blessé pour un problème de troupeau et de surnombre… mais tout le monde peut faire preuve de bon sens et de respect envers son cheval.
Tous les chevaux ne peuvent pas manger uniquement des fibres pauvres et réaliser des performances sportives, tous les chevaux ne peuvent pas se faire une place au sein d’un troupeau, tous les chevaux ne peuvent pas supporter de passer l’hiver dehors, nuit et jour sous la pluie, le vent, parce qu’ils ont été beaucoup trop dénaturés… mais tous les chevaux ont les mêmes besoins de base.

Je crois qu’il est temps que tous les propriétaires sachent se questionner sur les conditions qu’ils ont envie d’offrir à leurs chevaux. Et que chacun soit en mesure d’assumer ce qu’il fait et pourquoi il le fait. Je crois que nous aimons tous nos chevaux, quels que soient le milieu dans lequel on évolue, ou les projets que l’on a, et qu’il est temps de leur faire honneur en se remettant en question et en cherchant des solutions ENSEMBLE. Les compromis sont la clé de l’équilibre.

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Chevaux aux Ecuries Actives du Hénin.

Aujourd’hui, nous avons la chance de pouvoir faire au mieux pour nos chevaux dans le respect de ce qu’ils sont, sans pour faire une croix sur nos objectifs et nos envies. Il existe des concepts tels que l’Ecurie Active, ou le Paddock Paradise pour ceux qui ne bénéficient pas de grandes surfaces, il existe des pensions ou les chevaux disposent d’un boxe ou d’une stabulation libre ouverts sur un paddock ou un pré pour pouvoir se mouvoir librement tout en disposant du confort que veut lui offrir son propriétaire, il existe des endroits ou les chevaux sont par 2 ou plusieurs grâce a des choix méthodiques faits selon les affinités pour éviter les blessures et accidents, il existe des filets à foin qu’on peut accrocher dans le box, le paddock, le pré, pour permettre au cheval d’ingérer plus lentement et en continu des fibres qui lui sont indispensables, il existe des aliments concentrés élaborés méticuleusement pour fournir assez d’énergie au cheval de sport en limitant les excès de sucre et d’amidon qui lui sont néfastes…
Il existe tout un tas de solutions et de possibilités pour améliorer les conditions de vie de nos amis chevaux, pour améliorer leur bien-être et limiter les problèmes bien trop fréquents. C’est à nous de faire preuve de bon sens et de comprendre qu’un ballon ou une peluche accrochés dans le box ne remplaceront jamais la présence d’un congénère, qu’une pierre à sel à la framboise ou à la banane pour l’occuper n’égalera jamais un bon filet à foin bien rempli, qu’une sortie d’une ou deux heures au paddock ou au marcheur dans la journée ne combleront jamais les besoins d’exercice du cheval, qu’une vue sur les copains ne comblera pas son besoin d’interaction…

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Aujourd’hui nous avons toutes les connaissances et les clés nécessaires pour évoluer avec nos objectifs et moyens… faisons-le.
Chaque petit cavalier, chaque petit propriétaire, chaque gérant de structure ou d’écurie peut, à son échelle, aspirer à certaines améliorations, enrichir l’environnement et combler les besoins primaires de nos amis chevaux.
Les bénéfices sont indéniables : des chevaux mieux dans leur tête, diminution des problèmes comportementaux, diminution des affections physiques (et notamment des principales causes de décès chez le cheval domestique : colique…), et donc, amélioration des performances physique, meilleure rentabilité, diminution des coûts liés aux frais vétérinaires…

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Equideo, ou chevaux et poneys de sport et de loisirs vivent en paddock paradise à l’année.

En 2018, il est à mon sens indispensable d’être en mesure de se poser des questions, quitte à remettre en cause des milliers d’années de tradition, et de faire des choix en conscience – pour des raisons PHYSIOLOGIQUES.

Et vous, quelles sont les conditions de vie de votre cheval et pourquoi ?
Quelles sont les petites améliorations que vous pourriez mettre en place ?

Crédits photos :
Marion Viala
Giu Lia
Léa Blue
Ecuries Actives du Hénin
Equiteam Performance

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