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La dermite estivale, ce fléau : la comprendre pour mieux l’appréhender.

C’est probablement le 937654ème article que vous lisez à ce sujet. Je sais. J’en ai lu des dizaines aussi, sans jamais y trouver les réponses que je cherchais. Aujourd’hui, je souhaite non pas vous amener des réponses, mais des pistes de réflexion.

La dermite estivale, ou Dermite Equine Récidivante Estivale (DERE) est définie par le corps vétérinaire comme : une réaction épidermique allergique aux piqures de culicoides. (qui sont, si vous l’ignorez, de microscopiques insectes)
La dermite estivale pourrit le quotidien de centaines de chevaux et propriétaires qui voient arriver l’été avec la boule au ventre, en se demandant comment il vont survivre cette année. Des chevaux qui se grattent, se démangent, deviennent dingues, la peau à sang, suintant de pus parfois… et des propriétaires paniqués, qui s’embarquent sur des traitements à la cortisone, des désensibilisations, qui investissent dans des couvertures anti dermite, des cures phyto, de l’homéopathie.

Ce qui est curieux (chez les allergies en général) c’est que parfois, elles se déclarent un beau jour, à l’âge adulte, sans que l’on comprenne pourquoi ni comment. C’est ce qui m’a interpellée chez mon cheval. Il a commencé à se gratter l’année de ses 9 ans. Avant ça il avait toujours eu une crinière impeccable, longue, lisse et soyeuse, jamais de démangeaisons ou de problèmes de peau.

Une allergie c’est quoi ? C’est une sur-réaction de l’organisme à un stimulus extérieur.

Pourquoi le corps réagit-il de façon excessive ?

Il s’agit en réalité d’une réaction anormale du système immunitaire, qui déclenche une réaction inadéquate et crée une inflammation (mécanisme de défense) contre un stimulus qu’il reconnait comme « néfaste » ou « toxique ». On peut imaginer que, si le système immunitaire (qui est quand même ce qui permet de nous maintenir en vie) se met à réagir de façon inappropriée, c’est qu’il est défaillant, en faiblesse.

La peau fait partie des émonctoires. C’est un organe d’élimination.
Elle a pour rôle, en plus d’être barrière entre l’externe et l’interne, de venir éliminer les toxines accumulées dans l’organisme. Notamment en soutien au foie, qui est l’organe de désintoxication par excellence.

La dermite estivale se caractérisant par une affection de la peau, on peut imaginer qu’elle ait un lien avec l’évacuation de quelque chose (une toxine) au niveau de la peau. De plus, l’apparition des signes de dermite coïncide avec le printemps, l’arrivée de l’herbe, d’une alimentation plus riche, et donc le fonctionnement à plein régime du foie… tout ça peut nous amener à penser que l’alimentation a un lien direct avec les problèmes de peau. 
(Ce qui est évident, dans la mesure où on sait que c’est l’alimentation qui fait la santé et le capital immunitaire…)

J’ai récemment pu bénéficier de l’enseignement de Carine Meurou, naturopathe équin, qui m’a permis de comprendre l’importance et l’incidence des toxines dans l’organisme.

Concrètement, qu’est ce qu’une toxine ?

N’ayant pas fait de grosses études en bio, je laisse aux experts le soin de définir précisément en termes scientifique. Mais en gros, une toxine, c’est une substance inutile à l’organisme. Si elle est inutile, c’est qu’elle n’a rien à faire là, et qu’elle est potentiellement néfaste, et que donc, le corps doit l’éliminer.

Contrairement à ce qu’on aurait tendance à penser, les toxines ne viennent pas QUE de la mal-bouffe et des traitements médicamenteux. En fait, les sources de toxines sont nombreuses, elles peuvent être endogènes (venant de l’intérieur) ou exogènes (venant de l’extérieur).
Parmi les principales sources de toxines nous trouvons :
L’alimentation (assimilation), donc en effet, la qualité des aliments (présence de pesticides, qualité des matières premières) a un impact important, les traitements médicamenteux également (si les médicaments sont parfois nécessaires, ils représentent également beaucoup de déchets), même les plus « anodins » (vaccination, vermifugation), mais également la qualité de l’eau qui est ingérée au quotidien (provenance, chargement en métaux lourds, en hormones de synthèse…).
L’air, pour le coup, nous le respirons plus mais il peut également être vecteur de toxines, par pollution générale ou olfaction.
La peau, qui est également un lien direct entre l’externe et l’interne. Tout ce que nous appliquons sur la peau agit également en interne, dans le bon, comme dans le mauvais sens (traitements externes, par exemple insecticides, mais aussi produits d’entretiens aux compos par hyper clean, etc).
Mais également à grande échelle… le stress. Le stress représente une agression des cellules, et produit énormément de toxines. Nous appellerons ça ici « le stress » au sens global, mais on peut réellement parler de traumatismes mentaux (mauvais expériences) ainsi que d’affections émotionnelles.

Et oui, un cheval ultra clean sur son alimentation, son mode de vie, etc, pourra présenter de nombreuses faiblesses qui pourront être simplement dûes… à un stress. (méthodes d’entrainement, traitement).

Dans sa gestion des toxines, l’organisme a besoin d’émonctoires, qui lui permettent d’éliminer les toxines. Et parmi ces émonctoires, nous retrouvons… la peau. La peau est un émonctoire puissant car c’est le seul qui est capable d’éliminer les DEUX types de toxines (liposolubles, par les glandes sébacées) et hydrosolubles (par les glandes sudoripares).

La peau est donc le reflet de ce qui se passe à l’intérieur.
Et si souvent, l’élimination et le métabolisme passent inaperçu, il arrive aussi que l’organisme connaisse une surcharge, c’est la que naît la pathologie. La pathologie, ça peut être la dermite estivale, mais aussi tout un tas d’autres choses (emphysème, myosites, tendinites…).

La médecine chinoise dans le traitement de la dermite

Vous le savez maintenant, la médecine chinoise nous propose des axes de réflexion et de travail sur les différentes pathologies. Bien que ses principes soient très éloignés de notre médecine occidentale, elle fait ses preuves et gagne de l’ampleur dans nos régions.

En médecine chinoise, chaque organe/viscère est associé à un méridien et couplé à un autre méridien. Chaque couplage de méridiens est associé à un élément. Chaque élément est associé à une saison, ainsi qu’à une émotion, un système (…). Ce qui signifie également que l’énergie des différents méridiens varie selon les saisons. Chaque méridien à sa période de plénitude énergétique, et à l’inverse, sa période de vide, de repos. Les méridiens ont tous des fonctions et attributions qui leur sont propre. Que ce soit des fonctions physiologiques, ou des attributions données via la médecine chinoise.

La peau est gouvernée par le méridien du Poumon, qui est couplé au méridien du Gros Intestin, qui se trouvent dans l’élément Métal.
Vous me suivez?
Il faut comprendre les fonctions des méridiens comme des concepts, et pas s’arrêter aux fonctions physiologiques propres des organes… le Poumon et le Gros Intestin ont tous deux des fonctions de synthèse (synthèse de l’air, synthèse de l’alimentation), ils font tout deux un lien externe/interne (le poumon absorbe l’air, le dioxygène, il en conserve ce dont il a besoin pour oxygéner l’organisme, et rejette les déchets, le dioxyde de carbone — le gros intestin lui récupère l’alimentation en fin de digestion, le chyme, absorbe les nutriments qu’il transmet à l’organisme par ses villosités, et rejette le reste des déchets).
Aucun rapport avec la peau me direz-vous? Et bien en médecine chinoise si.
Si un de ces organes est déséquilibré, qu’il reçoit trop de toxines, de déchets, il a besoin de l’éliminer, d’une manière ou d’une autre… et rappelons nous que la peau permet cette élimination…

En MTC (médecine traditionnelle chinoise) les problèmes de peau sont associés donc à ce couplage de méridiens. Le Poumon est généralement associé plus précisément aux dermatoses (gale de boue, par ex), le Gros Intestin lui plutôt aux dermatites (réactions inflammatoires, dermite) — il est par excellence et dans tous les sens du terme l’organe du « Lâcher-prise ».
Lâcher prise physiologique, parce qu’il termine la synthèse de l’alimentation pour éliminer définitivement le reste des déchets,
Lâcher prise physique, il est aussi lié à tous les types d’allergies. Qui peuvent se manifester par un ‘lâcher prise de toxines’ les voies respiratoires supérieures (nez, yeux qui coulent…) ou par la peau (allergie de peau, dermite).
Lâcher prise émotionnel également.. qui a une part très importante en MTC.

L’émotion liée à notre duo Poumon/GI du MÉTAL est la tristesse.
Elle peut donc être vue comme la cause d’un déséquilibre. Ainsi que comme l’expression d’un déséquilibre.

La saison de notre élément MÉTAL est l’automne.
Rien à voir avec notre dermite estivale, en fait?
Et bien si, complètement. Je vous expliquais plus haut que les éléments se manifestent dans un système de cycle… avec des périodes de plénitude et de vide énergétique. De ce fait, l’expression d’un déséquilibre en lien avec un élément peut apparaître durant sa saison de plénitude… ou durant sa saison de vide énergétique. Et à « l’inverse » de l’automne, nous avons le printemps, notre saison de début de dermite.

A ce stade là de l’article vous devez comprendre que le fonctionnement de l’emphysème allergique est LE MÊME que celui de la dermite estivale. Sauf qu’il se manifeste à un autre moment du cycle des éléments. Il représente une manifestation différente d’un même problème de fond. On reste sur un terrain allergique, mais sur le plan respiratoire (allergie à la poussière, aux moisissures… et pas aux culicoïdes).

Donc avec tout ça…

On a toujours pas de remède miracle. Parce qu’il n’en existe pas. Et vous pouvez continuer à chercher toute votre vie. La dermite estivale est multifactorielle. Si un total retour en arrière peut s’avérer parfois compliqué, nous avons tout de même les clés pour gérer, apaiser, et prévenir.

Les traitements conventionnels de type anti-inflammatoires, corticoïdes ne représentent pas une SOLUTION. Ils sont parfois utiles pour calmer une grosse crise qu’on a laissé s’installer, pour casser un cycle inflammatoire… mais représentent aussi une source supplémentaire de toxines que l’on rajoute à l’organisme. Voilà pourquoi il vaut mieux prévenir que guérir.

Les traitements en externe, application locale, en phytothérapie donnent de bons résultats et permettent d’apaiser (pendant quelques heures), de repousser également les insectes déclencheurs et limiter la casse. Les couvertures intégrales anti-insectes sont aussi très intéréssantes et utiles.

La gestion de la dermite estivale, doit, comme pour beaucoup de pathologies, être vue comme une gestion globale de l’organisme. Si on ne peut pas éviter TOUTE FORME DE TOXINE, on peut néanmoins en limiter l’administration (par un choix rigoureux de l’alimentation, des traitements médicamenteux, des modes de détention, de gestion, des techniques de travail…), ainsi qu’accompagner l’organisme dans l’élimination. Cela peut-être fait grâce à la phytothérapie, mais attention à ne pas tomber dans les effets de mode, de « détox » à tout va. Il existe des plantes aux vertus particulières pour accompagner la détoxination a des niveaux précis, il existe aussi des saisons à privilégier, ainsi que des précautions à prendre.

La phytothérapie peut aussi être utilisée en pleine saison, afin de réduire l’état inflammatoire de l’organisme et de la peau, donc d’apaiser les démangeaisons et les comportements qui y sont liés. Elle peut également participer à la stimulation du système immunitaire.

Le travail en médecine chinoise (shiatsu) doit également être vu comme un accompagnement global. Une séance par an aux premiers signes de gratte ne suffit pas. On va venir travailler tout au long de l’année (idéalement 4 fois par an) afin de renforcer l’organisme et les organes et méridiens en déséquilibre. Vous aurez compris avec le système de cycles des saisons toute l’importance de travailler sur un problème en amont de sa manifestation. En préventif.

Quoi qu’il en soit, n’hésitez pas à vous référer aux professionnels, pour accompagner vos chevaux, pour aider dans le choix des produits et des techniques employées.

Et vous, avez-vous des expériences positives de traitement/accompagnement de la dermite à partager?

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